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Les filles de Salem : comment nous avons condamné nos enfants / Thomas Gilbert
Livre
Edité par Dargaud. Paris, Barcelone, Bruxelles... [etc.] - 2018
1692. Salem, en Nouvelle-Angleterre. Abigail, 17 ans, raconte l'histoire des sorcières de Salem dont elle fut l'une des victimes. Suspectées d'être possédées par le démon, des jeunes filles de ce village puritain dénoncent d'autres membres de la communauté de les avoir ensorcelées. La psychose s'emballe, donnant lieu à des procès en sorcellerie et à de nombreuses exécutions.
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Les filles de Salem
"Que le feu jamais ne s'éteigne..."
Ludivine - Bibliothécaire à la bibliothèque Fontaine d'Ouche - Le 21 janvier 2021 à 14:54 -
Fanatisme religieux et ses dérives
Février 1692 à mai 1693, Salem, en Nouvelle-Angleterre (Massachusetts). L'histoire est connue ; en quelques mois le destin de la ville s'assombrit lorsque plus de 150 personnes sont accusées de sorcellerie et 20 d'entre elles condamnées à mort, (14 femmes et 6 hommes), dont 19 par pendaison, à l'issue d'un procès scandaleux dans une Nouvelle-Angleterre puritaine, raciste et patriarcale. A travers « Les filles des Salem » Thomas Gilbert propose une version, sous forme de bande dessinée, de la tragédie qui a bouleversé Salem. L'hystérie collective prenant des proportions effrayantes, on en vint à parler de sorcellerie et l'auteur montre habilement la violence extrême induite par le fanatisme religieux (violence qu'on retrouve hélas parfois aujourd'hui). Même si cette version comprend plusieurs erreurs historiques, elle présente l'intérêt de rappeler une sinistre période historique déclenchée par une paranoïa collective, sous une forme simple et accessible à tous. Le scénario, profondément bouleversé par rapport aux faits historiques, demeure cependant intéressant. Thomas Gilbert a choisi de privilégier le côté féminin en ne traitant les procès que sous l'angle des femmes accusées, et nous plonge dans ce récit à travers les yeux d'une des jeunes victimes des dérives du fanatisme religieux. Les illustrations sont convaincantes et servent magnifiquement le récit, dans un climat de plus en plus pesant. Les couleurs sont vives et joyeuses lors des moments de gaieté et deviennent sombres et froides quand le propos est lui-même sombre. Le dessin, constamment dans la recherche d'une émotion forte, (des visages déformés par la peur, la colère ou la haine) retranscrit idéalement l'évolution dans la tragédie née de la superstition, le bouleversement du village vers la paranoïa, la peur, puis la haine, avec de nombreuses scènes de violence. Peu importe les inexactitudes historiques, le récit, sombre et dérangeant, dénonce le fanatisme religieux et ses dérives, ainsi que la lâcheté d'hommes et de femmes incapables de se révolter contre de cruelles injustices. Remarquablement bien retranscrite dans cette bande dessinée, cette tragédie aura un impact important, contribuant à réduire l'impact de la foi puritaine sur les principes fondateurs et la constitution des Etats-Unis.
M. BERTRAND Jean-Daniel - Le 01 décembre 2019 à 22:28