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Notre mère la guerre. Première complainte / [scénario] Kris
Livre
Edité par Futuropolis. Paris - 2009
Janvier 1915 en Champagne. Les corps de trois femmes sont retrouvés. Elles ont été froidement assassinées et sur elles une lettre d'adieu écrite par leur meurtrier est mise en évidence. Le lieutenant de gendarmerie, militant catholique, humaniste et progressiste, Roland Vialatte, mène l'enquête.
Voir la série «Notre mère la guerre. Futuropolis, 2009-2012»
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Une approche originale qui fonctionne bien
Début 1915, les armées françaises et allemandes s'affrontent dans le nord-est de la France. Le lieutenant Vialatte, issu de la gendarmerie, est chargé d'enquêter sur les meurtres de trois jeunes femmes retrouvées mortes dans les tranchées, et de retrouver le ou les coupables. Sur chaque corps l'assassin a laissé un mot d'adieu, écrit sur le même papier… Les auteurs nous entrainent avec le lieutenant Vialatte sur les traces d'un tueur en série, mais c'est surtout l'occasion de nous décrire les absurdités et les horreurs de la guerre, les tranchées boueuses, les traumatismes psychologiques, les angoisses, la colère, la souffrance, la cruauté et les injustices nombreuses entre les soldats du front et ceux à l'arrière. L'écriture de cette série de quatre bandes dessinées s'appuie sur des témoignages d'époque, aussi l'histoire fait preuve de rigueur historique et de sensibilité. A plusieurs reprises les auteurs abordent la thématique de la correspondance ; les échanges épistolaires entre le front et l'arrière tenaient effectivement une grande place tout au long du conflit. Les principales sources visuelles sont des photographies de l'hebdomadaire « L'Illustration », et les dessins très réalistes permettent de se faire une juste opinion de ce qui se vivait au front. Les soldats sont des victimes forcées de partir au combat mais les auteurs veulent comprendre pourquoi certains ont agi de leur plein gré et comment ils ont pu survivre à plusieurs années de tranchées. La palette de couleurs est volontairement restreinte, déclinée dans des tonalités généralement froides. Elle traduit une atmosphère terne, souvent douloureuse et oppressante, servant une intrigue assez sombre. Cette absence de luminosité renforce le côté angoissant de l'ensemble. Toutefois, qui pourrait en réalité s'intéresser au meurtre de trois personnes parmi les milliers de soldats morts quotidiennement ? Cette enquête n'est bien sûr qu'un prétexte pour parler de la guerre et de ses horreurs. L'approche est originale mais fonctionne bien car le scénario est bien écrit, l'intrigue intéressante, et le tout se lit comme un roman. Une belle BD.
M. BERTRAND Jean-Daniel - Le 04 avril 2021 à 14:25