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Rouge Brésil / Jean-Christophe Rufin
Livre
Edité par Gallimard. Paris - 2001
Histoire de la conquête du Brésil à travers le destin de deux enfants, Just et Colombe, qui servent d'interprètes auprès des tribus indiennes. Mise en scène de deux conceptions opposées de l'homme et de la nature, avec d'un côté, la civilisation européenne et de l'autre le monde indien.
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Un des épisodes les plus étonnants et les plus méconnus de notre histoire.
Rouge Brésil est le récit romancé de l'expédition menée par le chevalier de Villegagnon en 1555 pour conquérir le Brésil au nom du roi de France Henri II. Le récit est basé sur le livre de Jean de Léry, « Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil, autrement dite Amérique », édité en 1578. Ayant rejoint Villegagnon au Brésil, Léry y décrivait plusieurs aspects de la vie indigène. Ce livre reçut un vif succès qui entraina plusieurs rééditions. A partir de faits réels extraits du livre de Léry, Rufin accorde une grande place à l'imagination. Pour émouvoir, il laisse de côté sa documentation et trouve des espaces de liberté dans la trame du réel. On retrouve toutefois plusieurs scènes décrites par Léry, la première rencontre dans la crainte des indigènes, l'obstacle de la langue, l'horreur du cannibalisme, l'embarras de la nudité… Au XVIème siècle, le roi de France Henri II décide de concurrencer la domination portugaise en Amérique du Sud en envoyant une expédition de plusieurs navires au Brésil. Deux adolescents, Just et Colombe sont embarqués de force pour servir d'interprètes auprès des tribus indiennes. A travers le vécu de ces deux personnages fictifs et du personnage réel Villegagnon, Rufin expose les idées de cette fin de siècle chargée de débats idéologiques entre catholiques et protestants. Les conflits théologiques, le manque de tolérance et le fanatisme vont conduire à la perte de cette nouvelle colonie au profit des Portugais. L'aventure des Français au Brésil, au cours du XVIème siècle, est un des épisodes les plus étonnants et les plus méconnus de notre histoire. Le roman de Rufin rappelle l'essai de Montaigne sur les cannibales, Montaigne fut le premier à inverser la vision des « sauvages » et à écrire « chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage ». Rufin échappe toutefois au mythe simpliste du bon sauvage et de la nature rédemptrice. L'Indien n'est pas meilleur, il est différent. Du reste, qui est le plus sauvage ? Le « civilisé » aux moeurs barbares, qui se veut libérateur et se découvre meurtrier, ou l'indien qui recherche la paix et l'harmonie sur son territoire ?
M BERTRAND Jean-Daniel - Le 01 août 2022 à 23:53