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Basse saison
Vidéo numérique
Dans une station balnéaire hivernale et désertée, un couple criblé de dettes et cerné par des escrocs se démène pour ne pas sombrer. Avec Emmanuelle Devos et Éric Caravaca, une comédie aussi pétillante qu’ingénieuse.
À La Grande-Motte, sur le littoral héraultais, l'hiver et ses pluies diluviennes ont chassé les derniers touristes, donnant à cette station balnéaire des années 1960 une allure fantomatique. Dans l'un des seuls appartements encore occupés, au dernier étage de la "Grande Pyramide", deux quinquagénaires, Carole et Richard Lazure, sont au bord du gouffre. Escroqués par leur conseiller fiscal, qu’ils surnomment "le rat", ils ont dû liquider leur société d'import-export et leur maison pour éponger une partie de leurs dettes. Ayant en outre été mal défendus par un avocat incompétent, ils doivent aussi acquitter les dépenses de leur procès perdu. Depuis, ils squattent le T4 que les parents de Richard louent l'été aux vacanciers. Englué dans cette accumulation de déboires, le couple vacille. Mais par le plus grand des hasards, Anthony (Simon Abkarian), qui fut le meilleur copain de Richard quand ils étaient enfants, réapparaît après des décennies d’absence. Il leur propose une solution susceptible de les renflouer. Problème : Anthony s'avère lui-même être un aigrefin lesté de quelques soucis. Il vient d’ailleurs d’échapper à une tentative de meurtre...
L’enfer du décor
Basse saison, titre idoine. Dans l’artificialité de cité balnéaire ex-futuriste de La Grande-Motte, glacée et déserte, les rêves et l’insouciance de l’été ont reflué. Seuls demeurent sur ce rivage devenu gris ceux qui y ont échoué, à tous les sens du terme. Dans ce terne enfer délavé par les embruns, les Lazure composent un duo de losers drolatique et souvent farfelu, jamais totalement plombé par la déprime grâce à un amour inoxydable, scellé entre autres par un terrible secret. Campés par Emmanuelle Devos et Éric Caravaca, tour à tour lunaires, azimutés ou roublards, mais toujours irrésistibles, ils font figure d’improbables résistants face aux prédateurs contemporains, mafieux ou financiers sans vergogne. Leurs gaffes, leurs angoisses et leur sensibilité échevelée les rendent paradoxalement plus forts, car plus humains. Empruntant joyeusement aux codes du thriller et du film noir, une comédie au ton unique, truffée de trouvailles visuelles et de cadrages subtils, que le réalisateur Laurent Herbiet dédie à Alain Resnais, dont il fut l’assistant et le coscénariste.