2 avis
La salle de bal : roman / Anna Hope
Livre
Edité par Gallimard. [Paris] - 2017
Lors de l'hiver 1911, l'asile d'aliénés de Sharston, dans le Yorshire, accueille une nouvelle pensionnaire : Ella, qui a brisé une vitre dans la filature dans laquelle elle travaillait depuis l'enfance. Révoltée puis résignée, elle participe chaque vendredi au bal des pensionnaires. Au fil de leurs rencontres, elle s' éprend de John, un Irlandais mélancolique. Séduit par l'eugenisme et les projets de loi sur le contrôle des faibles d'esprit, Fuller décide de réformer l'asile.
Voir la collection «Du monde entier (Paris).»
Autres documents dans la collection «Du monde entier (Paris).»
Se procurer le document
Autre format
Issus de la même oeuvre
Avis
Avis des lecteurs
-
Un superbe roman sur un thème original et dérangeant.
1911, dans le Yorkshire. Ella Faye, issue d’un milieu pauvre travaille depuis son plus jeune âge dans une filature. Lassée d’étouffer dans l’usine sans jamais voir le soleil, son besoin de liberté la pousse à briser une fenêtre. Ce geste la conduit à l’enfermement puisqu’on l’envoie à l’asile de Sharston. Elle espère d’abord être rapidement libérée puis finit par s’habituer à la routine de l’institution. Le livre voit se croiser les destinées des patients Ella Faye et John Mulligan, un Irlandais qui a atterri à l’asile suite à un drame personnel, ainsi que celle d’un médecin de l’asile, Charles Fuller, homme à la personnalité complexe qui semble avoir de bonnes intentions, mais on comprend assez vite que ses patients ne sont pour lui que des sujets d’étude pouvant l’aider à atteindre ses ambitions. Rapidement, celui-ci montre un grand intérêt pour les recherches scientifiques sur l’eugénisme et la stérilisation des aliénés pour obtenir un monde meilleur. Ella découvre un monde à part fait de brutalité et de répression. Hommes et femmes sont enfermés et travaillent séparément ; les malades « sages » ont le privilège de pouvoir se retrouver une fois par semaine, les vendredis, lors d’un bal organisé par le docteur Fuller. Ce bal est pour celui-ci l’occasion d’observer ses patients danser, et surtout d’étudier les vertus de la musique sur les « esprits faibles » ; mais c’est également la seule opportunité pour les hommes et les femmes de se rencontrer. Ella y fait la connaissance de John… Anna Hope rappelle des faits historiques douloureux de l’Angleterre du début du 20ème siècle, pays qui fut un des tous premiers à réfléchir sur « l’amélioration de la race » avec la Société d’éducation eugénique fondée au début du siècle. Elle relate habilement le regard implacable porté à l’époque sur les malades mentaux, ou abusivement considérés comme tels, et évoque la notion d’eugénisme, sans la définir, mais en donnant vie à des faits tels qu’ils auraient pu être décrits à cette époque. Anna Hope a un grand talent pour nous entraîner dans les détours de l’histoire au cœur d’un récit émouvant et passionnant, en dressant le portrait de personnages captivants. Un superbe roman sur un thème original et dérangeant.
M BERTRAND Jean-Daniel - Le 23 novembre 2020 à 22:08 -
La salle de bal, Anna Hope, Gallimard, 2017
A l'asile d'aliénés de Sharston, dans le Yorkshire, en 1911, hommes et femmes vivent séparés par de hauts murs et des fenêtres grillagées. Les hommes travaillent dans les champs tandis que les femmes sont employées à des tâches domestiques à l'intérieur. L'unique occasion de se croiser est le bal du vendredi soir dans la somptueuse salle où seuls sont admis les pensionnaires à la conduite irréprochable. C'est là que John, irlandais « mélancolique » et Ella, employée d'une filature nouvellement arrivée, se rencontrent sous le regard perçant du docteur Charles Fuller, musicien frustré et ambitieux, séduit par l'eugénisme et le projet de loi sur le Contrôle des faibles d'esprit que le gouvernement de Churchill s'apprête à voter. Un projet qui risque d'avoir des conséquences désastreuses sur la passion naissante d'Ella et John... Dans ce roman à trois voix, l'auteure reconstitue avec un réalisme effrayant la dureté des traitements subis par les patients au début du XX° siècle. Mais elle peint aussi avec une plume sensible, délicate et tendre l'éclosion d'un amour improbable. Un émouvant hymne à l'espérance !
La BM - Le 04 mars 2019 à 16:17