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Guerre au Mali, coulisses d'un engrenage
Vidéo numérique
Raconté de l'intérieur par des Maliens et des Français, cet état des lieux de neuf ans d'une guerre perdue contre le djihadisme éclaire les raisons et les enjeux de la rupture entre Bamako et Paris.
Le 2 mai 2022, la junte au pouvoir au Mali déclare rompre les accords de défense avec la France et ses partenaires européens : c’est l'épilogue d’un processus de rupture commencé avec l’annonce de la fin de l’opération "Barkhane", le 2 février de l’année précédente. Accueillie en libératrice en janvier 2013, lorsque le président François Hollande lançait l'opération "Serval" pour libérer le nord du pays des groupes armés djihadistes, l'armée française, engagée neuf ans durant aux côtés des soldats maliens, puis des 11 000 casques bleus déployés par l'ONU, n'aura pu empêcher de larges portions du territoire de retomber sous l'emprise des combattants islamistes, confrontée au "syndrome afghan" d’une guerre ingagnable. La démocratie malienne, elle, aura dans son effondrement abandonné à son sort le nord et le centre du pays, laissant la main libre aux djihadistes. L’"engrenage" précipitera la rupture entre les deux pays, au profit de la Russie, dont l’entreprise de déstabilisation du monde occidental se nourrit d'un partenariat étroit avec les putschistes installés au pouvoir à Bamako, via la milice paramilitaire privée Wagner. Une nouvelle élection présidentielle, initialement prévue pour 2022, a été annulée, laissant le pouvoir au président de la transition Assimi Goïta jusqu’en 2027.
Fuite en avant
Au début des années 2000, des guerriers islamistes algériens qui refusent de négocier avec le gouvernement franchissent la frontière poreuse de 1 300 kilomètres?qui sépare leur pays du Mali. Trafic de drogue et prises d'otages aidant, les groupes djihadistes prospèrent dans l'indifférence de l'État malien. En 2011, après l’intervention occidentale en Libye et la chute de Kadhafi, quelques milliers de soldats touareg ayant servi le régime de Tripoli regagnent le Mali avec leurs armes. Les djihadistes, au sein desquels va émerger Iyad Ag Ghali – aujourd’hui le terroriste le plus recherché au Mali – s'allient alors (provisoirement) avec les indépendantistes touareg pour conquérir le nord du Mali. L'État malien s'effondre, la France intervient et libère les grandes villes du nord, Ménaka, Tombouctou, Gao, Kidal... Pour dérouler sur plus de deux décennies le drame en trois actes qui a consommé la rupture entre Bamako et Paris, Jean Crépu (Coup de poker sur l'essence) donne la parole à de très nombreux acteurs, observateurs et citoyens maliens, et, en contrepoint, à des militaires, diplomates et analystes français. De la capitale aux confins septentrionaux du pays, du haut au bas de l'échelle sociale, il donne ainsi à voir et à entendre comment les Maliens ont vécu, et surtout subi, les événements.