0 avis
N'abandonnons pas les sanctions contre la Russie / Françoise Thom
Article
En mars dernier, Vladimir Poutine a enfin reconnu que les sanctions internationales qui visent Moscou " pourraient " avoir des conséquences " négatives " à " moyen terme " sur l'économie de son pays. C'était une première : jusqu'alors, le Président prétendait qu'elles représentaient une chance unique pour l'économie russe, tandis que les critiques de la politique de sanctions en Occident répétaient sur tous les tons que celles-ci ne servaient à rien, et qu'elles nuisaient davantage aux économies occidentales qu'à la Russie. L'orchestre de Moscou voulait nous faire accroire que, grâce à ses échanges avec la Chine, la Turquie et l'Iran, la Russie " avait accès à tous les biens et capitaux qu'elle a [en réalité] perdus à cause du boycott occidental ". Le FMI comptait nous persuader qu'en 2023 la performance économique de la Russie serait meilleure que celle de l'Allemagne et de la Grande-Bretagne, et qu'en 2024 sa croissance économique serait supérieure à celle de la zone euro. C'était oublier qu'on ne saurait comparer le PIB d'un pays en guerre avec celui d'un pays en paix : la production de chars et de missiles n'est pas la production de richesses. Surtout, on peut se demander sur quoi reposent les estimations du FMI alors que le Kremlin a classifié nombre d'informations relatives à la situation économique du pays, y compris les indicateurs concernant le volume de la production et les exportations de Gazprom. Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a justifié la restriction de l'accès aux statistiques économiques par la guerre hybride menée par les Occidentaux contre la Russie.
Voir la revue «Commentaire, 182, 1978-»
Autres numéros de la revue «Commentaire»